Les textes de  JOAN PINCHU SHAMAN À THÉLIS-LA-COMBE

Je sais !

Je sais que la pierre muette

Est pleine de vie

Elle est la mémoire

Il n’est que de l’écouter pour savoir (la parole des ancêtres)

Je sais que le vent est le cheval

Du souffle de vie

Messager du destin

Il peut être caressant

Ou violent

Il n’est que de l’écouter pour savoir (la parole des esprits)

Je sais que les arbres sont non ancêtres

Que leurs racines sont nos racines

Plantés en terre

Ils atteignent le ciel

En permanence

Alors que l’humain

Aveuglé par sa liberté

Ne sait où il va

Il n’est que de les écouter pour savoir (la sagesse)

je sais que la terre

Est notre corps

Notre vie

Notre source de nourriture

Mais plus encore

Elle est l’exemple d’amour

Il n’est que de l’écouter (pour savoir ce qu’est l’amour véritable)

Je sais que l’eau est multiple

Elle est la médecine de la transformation

Source de vie

Elle est l’élément de la magie

Avec elle

Les larmes deviennent une pluie bienfaisante

Il n’est que de l’écouter (pour savoir la puissance de notre conscience)

Je sais que le feu est vivant

Comme toute chose dans la création

Puissance agissante

Il nous enseigne d’assumer notre vie

Il est la porte d’entre les mondes

Il est le passage de l’obscur à la lumière

Mais son réconfort n’est ni facilité, ni compromission

Il n’est que de l’écouter (pour connaître l’élévation)

Joan SigelPinchu

Nota : le terme savoir, ici à la signification de connaître par l’expérience

Le bouleau

Il est là

À l’orée de la forêt

Si puissant dans son apparente fragilité

L’arbre lumineux

Le cheval de l’esprit

Souffrant de nos tribulations

Et pourtant prêt au sacrifice suprême

Son écorce est la lumière

Dans la noire période

Il resplendit quand tout est caché

Face à la tristesse

Il annonce le renouveau

Une de ses branches est une torche

Pour l’homme perdu dans l’obscurité

De son âme

Sa sciure fait du pain

Sa sève nettoie le corps

Et l’abreuve

Ses feuilles soignent la froideur du corps

Et dissipe les miasmes délétères

Son goudron graisse les moyeux

Parfume les cuirs

De son bois surgissent maints instruments

Doux à l’homme

Ses racines plongent dans l’inframonde)

Elles sont la porte des défunts

Elles sont la porte du monde souterrain

Et de ses habitants, les nains habiles

Ses feuilles sont les nuages de la terre

Elles fouettent les corps

Dans l’étuve sacrée

Fertilisent l’esprit et le corps

Du tronc naît le tambour du chaman

Axe cosmique entre la terre et le ciel

Il est le soutien du voyageur de l’âme

Et son refuge ultime

À nul autre pareil

Son essence est l’hydromel sacré des Dieux

Grâce à toi ! bouleau sacré !

Joan sigelPinchu

Temps mythiques

Dans les temps mythiques de la Terre

Au temps de l’âge d’or

Régnait la bénéfique harmonie

Entre tous les êtres de la création.

Mais de tous ces êtres

L’humain était le plus fragile

Naquit un être troublé

Qui n’eut de cesse de changer l’ordre des choses

Pour son puéril bénéfice.

Dans son élan d’absorption

Il inventa la séparation

Le noir péril s’abattit sur l’humanité

Se répandit sans qu’une médecine

Ne puisse le réduire.

L’homme se sépara des Dieux

Et en devint triste.

L’homme se sépara de la nature

Et en devint ignorant

En fin l’homme, se sépara de l’homme

Et en devint agressif.

Son âme séparée fut

broyèe,

déchiquetèe,

dilatée

troublée

instable

insatiable

Recherchant de mille façon

À sortir de sa funeste prison.

En créant la séparation

L’être impitoyable

Fauteur de malheur

Engendra

De multiples maladies

La jalousie

L’envie

La haine

L’orgueil

L’accaparement

La ruse

La méfiance

L’insatisfaction

La tristesse

Reste à l’homme à se relier à nouveau

Joan SigelPinchu

Du phare au totem

Quand les artistes cherchent la lumière dans ce siècle de ténèbres. Qu’allons nous faire du troisième millénaire ? C’est face à cette question que nombre d’artistes actuels explorent, interrogent la matière, l’esprit, l’espace, le temps au travers de leurs multiples expressions. L’état des lieux et connu : L’ultralibéralisme réduit le monde terrestre à feu et à sang, génère l’obscurantisme, la corruption, le mensonge organisé, la misère morale, symbolique, humaine.

La misère des droits, de la pensée, de la conscience. L’ultralibéralisme est une combinaison intellectuelle d’idéologie religieuse et d’idéologie nazie. Un simple regard sur les fondements de cette idéologie totalitaire suffit à s’en rendre compte. Ayant retenu les leçons de l’histoire, ces vampires avancent masqués. Ils se parent de toutes les vertus et annoncent suavement le bonheur de l’humanité.

Les libéraux essaient d’instaurer un nouvel ordre mondial. Le terme nouvel ordre mondial est un thème récurent du nazisme et des groupuscules d’extrême droite. Ils utilisent tous les thèmes du nazisme et de la religion pour maîtriser la population. On retrouve bien d’autres thèmes du nazisme dans l’économie libérale. Celui de l’être supérieur, ici le haut financier, l’investisseur est différencié du simple individu considéré comme un incapable, un médiocre qui ne mérite que le mépris. Les plus pauvres devant tout simplement  être éliminés. Le monde libéral se réduit à la dualité producteur/consommateur. Le terme de producteur désignant ici, le producteur de richesses. Comme il est dit dans leurs ouvrages de pseudo sciences économiques : le citoyen doit être réduit à la fonction de consommateur mouton.

Donc, il n’est pas question que le citoyen ait des désirs, des besoins, des rêves, des pensées, pire encore une conscience. Par exemple, il doit acheter le dernier CD d’une chanteuse clonée, déposé par palettes entières au supermarché. Il n’a pas à décider, on décide, rêve, pense à sa place. Car nous sommes dans le monde de la pensée unique, toute tentative de sortir de la pensée formatée est considérée comme un acte hérétique et conduit à la déchéance économique. Les journalistes ou les intellectuels doivent relayer l’idéologie dominante sous peine de mise à l’index.

De même la déportation est transformée par la puissance du politiquement correct en mobilité des travailleurs. L’ultralibéralisme conduit tout naturellement au terrorisme économique, social et humain. C’est ainsi que les politiques de chaque pays, soucieux de préserver leur carrière ce sont mis aux ordres des ultralibéraux. Pour satisfaire les exigences de la haute finance, chaque pays met en place une politique d’état policier, le projet étant d’arriver à réduire les citoyens à l’état de robot. Et ce n’est malheureusement pas une image.

N’oublions pas que le grand père de Georges W Bush était un des banquiers du troisième reich. Un Eugénisme médical est mis en place d’une manière douce et feutrée avec le concours de la communauté scientifique. Parce que la particularité de l’ultralibéralisme est de fonctionner comme un système religieux promettant une vie meilleure, mais plus tard et ailleurs et seulement pour les personnes qui sont « bonnes ».

Mise en place d’une structure pyramidale au service exclusif du libéralisme : hommes politiques, chercheurs, vigiles, police privée, etc… croyant s’en sortir en ayant l’illusion d’avoir une part du gâteau. L’art comme produit de marché et au service de la puissance financière.

À l’instar du nazisme, le libéralisme génère un système de collaboration basé sur la part la plus sombre de l’être humain. Mais le libéralisme ne peut être résumé à son inspiration idéologique qu’est le nazisme, l’on y retrouve également un système de pouvoir extrêmement ancien, le pouvoir religieux, lui aussi non pas au service de l’homme et de son évolution, mais bien de son asservissement. Les systèmes religieux depuis leurs origines ont pour fonction de gérer et dominer la masse humaine au profit d’une nomenklatura ; les outils, sont le dogme, la pensée unique : si tu ne penses pas cela c’est que tu est mauvais, l’angoisse, la peur et la menace d’un châtiment terrible si l’on est pas sage et obéissant. La peur affaiblit l’homme, elle ne le grandit pas.

L’ultralibéralisme est un véritable cancer généralisé pour notre civilisation.                          Si nous ne réagissons pas, c’est la fin de l’homme.

Aussi est-il presque naturel de constater que des artistes participent à cet art du marché. Alors qu’en France la loi dite du 1% devait aider les artistes notamment sculpteurs à exister, elle est peu ou pas appliquée. Et l’on voit dans les conseils régionaux, une main mise corruptive de l’état sur l’art. Bon nombre, de conseils régionaux fonctionnent avec un artiste les autres n’ayant pas accès à cette opportunité. Nous nous trouvons donc avec un artiste officiel comme au temps du soviétisme matérialiste.

L’art ne remplit plus son rôle d’interpellation et d’interrogation sur la vie, l’être et le politique dans le sens noble du terme ; ou du moins c’est ce que l’on veut nous faire croire. Cela est d’ailleurs valable pour toute entreprise créative ou intellectuelle. Il ne nourrit plus la société de substance vitalisante. L’oeuvre d’art et devenue objet de marché, c’est tout. Où être condamnée au silence, comme on a su faire taire les intellectuels. Il arrive même souvent que l’art devienne caricature de lui même.

Ce qui est rassurant est de savoir que le libéralisme n’a contrairement à sa croyance aucun pouvoir sur la nature, c’est elle qui aura le dernier mot.

D’autre part, ce système idéologique contient en lui-même le germe de sa propre destruction.

Il est, de par sa nature, morbide, y compris pour lui-même. Rappelez-vous de l’histoire du crapaud qui par orgueil se gonfle, se gonfle, tout comme le libéralisme se nourrit de richesses, jusqu’à exploser.

Observateur anonyme de ce monde déboussolé, j’ai remarqué depuis quelques années l’apparition dans l’univers des artistes (même y compris dans le domaine de l’artisanat d’art), d’une expression singulière. Que ce soit d’une manière ponctuelle ou plus approfondie est apparue une image : celle du totem. Tout d’abord, un petit signe par ici, par là, comme timide.

Apparition isolée, discrète comme insignifiante, en somme des éclaireurs. Puis j’ai vu ses signes se multiplier, mais toujours de manière à ne pas déranger tout en structurant une toile archétypale dans l’expression artistique.

D’abord interrogatif sur la chose, j’y ai peu à peu discerné quelque chose qui n’est pas de l’ordre d’une mode mais un acte gratuit et pur. L’émergence de cette image fait partie de ces singularités annonciatrices de quelque chose à naître. Une de ces singularités qui apparaissent sans faire de bruit, sans déranger comme une insignifiance. De ces choses discrètes qui font que la vie tout d’un coup bascule sans qu’on en prenne conscience. Comme ce détail paradoxal dans un rêve qui nous rappelle que nous rêvons et que nous ne sommes pas dans la réalité. L’être humain et en particulier l’homo modernicus possède une particulière perte des sens comme des repères.

Surtout, il ne veut ni voir, ni entendre de ce qui peut le déranger. Les anciens ont puisé dans la source lumineuse, la lanterne, le phare, un moyen de sonder les ténèbres, peut-être qu’aujourd’hui l’être humain a-t-il besoin d’un outil pour émerger du monde des ténèbres et accéder à la lumière. Le totem est-il devenu son échelle ?

L’art totem et le renouveau du chamanisme

Phénomène connexe, le chamanisme connaît un renouveau tant dans les anciens pays du bloc communiste que dans les pays soumis au joug du libéralisme. Il ne s’agit pas d’une religiosité maladive ou d’un mysticisme facile ou même d’une mode, mais d’un mouvement d’autant plus profond qu’il est agi pas des individus qui se lèvent pour dire : cette vie que l’on nous impose n’est pas bonne pour l’homme !

Quel est le sens du totem dans l’expression contemporaine ?

La référence au totem nous renvoie à quelque chose de primitif dans l’être, mais aussi à une reliance au passé, aux anciens, aux civilisateurs, à la cohésion d’un groupe, d’une communauté et dans les valeurs de ce qui peut faire de nous un être humain véritable. Il y a là incontestablement une part de nostalgie (la perte d’un âge d’or), mais celle-ci ne peut nous masquer l’essentiel. Ce retour au passé est aussi une recherche d’une réponse. Nos anciens, pour survivre ont dû et ont su trouver des réponses. Inconsciemment, c’est un enseignement précieux.

D’autre part, la critique et le rejet de notre société libérale actuelle s’amplifie de jour en jour, malgré et surtout parce que la parole est niée. Le totem se dresse comme négation d’un monde jugé par beaucoup comme inhumain.

Dans les sociétés traditionnelles, le totem est en général révélé lors d’une vision. Végétal ou animal, il est un protecteur à l’instar des ancêtres. Nous avons le véritable sens du mot totem (qui est un terme Algonquin). Totem signifie esprit gardien, puissance tutélaire appartenant à un homme. Sa valeur est purement individuelle, ni héréditaire, ni généalogique, si sociale, tribale, clanique.

Le totémisme qui nous rapproche de notre sujet est l’expression sociale, dans le sens ou le groupe devient une entité et aurait besoin d’un esprit tutélaire, d’une esprit gardien.

Mais pourquoi le totem alors que bien d’autres symboles sont offerts ?

Le totem se dresse, il s’appuie sur la terre pour s’élancer vers le ciel. Il « regarde » dans toutes directions. S’il est représentatif des morts, il les relie, les intègre aux vivants, il est symbole d’union voire de communion entre les êtres. Contrairement aux cathédrales et autres monuments égyptiens, il n’écrase pas l’individu. Le totem est à la mesure de l’homme. Mais plus encore à l’instar de ce qui se passe dans les société traditionnelles, l’intégration du totem que ce soit par l’intermédiaire du chamanisme ou de l’art, élève l’individu au rang d’être humain.

Dans les expressions artistiques totémiques s’expriment la négation de ce monde mortifère et une profonde aspiration à la vie, la joie, la liberté. Un élan vers une spiritualité personnelle vivante et joyeuse. Ces totems s’élancent à travers le monde et l’espace comme un appel vers un autre monde, un élan vital vers la beauté, la lumière, les couleurs, vers une fête cosmique.

C’est l’image de l’être humain libéré des pouvoirs politico-financier-religieux pouvant enfin exalter la vie.

L’art totem s’il est bien sûr dans sa forme une expression personnelle et dans le fond l’expression collective d’une vision sociétale. Cet art décrit les besoins réels de l’être et non ceux que l’on veut lui imposer (et en plus en le faisant payer cher).

L’expression totémique contemporaine, rappelle à ceux qui voudraient l’oublier que l’art est visionnaire, révélateur, civilisateur. Mais, c’est sûrement aussi pour cela que l’on veut faire taire (économiquement) les artistes. Cette expression totémique est comme une résistance à l’individualisme égoïste, à la dissolution des rapports sociaux et au refus actuel de l’utopie. Le totem dans l’expression artistique introduit un élan d’appartenance ; un désir d’appartenance à une société plus humaine, plus conviviale, avec des valeurs poétiques. Cette appartenance d’ailleurs peut naître d’un choix, c’est l’adoption d’un choix de vie, d’un choix de société, d’un choix de valeurs. Désir d’une société productrice de vie, à l’opposé de notre société mortifère. En ce sens l’art totémique est une pulsion de l’Eros, une force naturelle vers la régénération, l’espoir d’une nouvelle vie, d’un nouvel âge d’or pour l’humanité.

Je connais suffisamment le psychisme pour savoir, que les forces les plus puissantes ne sont pas les plus apparentes, mais les plus profondes. L’expression totémique nous parle de la profondeur de l’être et de ses aspirations. Parions que l’avenir en sera l’expression.

Le don

Le mot possède deux sens qui doivent nous faire réfléchir. D’une part le sens d’offrir à autrui d’une manière altruiste quelque chose que l’on a et d’autre part être détenteur d’une capacité à faire ou a être qui nous a été donné par le fée Destin.

La connaissance chamanique nous enseigne cette évidence : nous sommes les enfants de la terre-mère. Celle-ci nous a donné notre corps pour cette existence, elle nous a donné la vie et assure chaque jour nos besoins en nourritures. C’est pourquoi, nous sommes les enfants de la Terre-mère. A ce titre nous sommes les dépositaires, donc les gardiens de la Terre-mère. Pour ce faire, nous avons à être en harmonie avec notre environnement. Nous avons à prendre ce dont nous avons besoin pour notre existence mais pas plus. De plus, il convient de la faire d’une manière respectueuse et sacrée afin de permettre à la vie de se perpétuer. Aussi, est-il absurde pour un chamaniste de vouloir prendre le dessus sur la nature et de vouloir la plier aux désirs pervers de l’homme.

Le Père-ciel quanda lui, nous offre la reliance au ciel et par le souffle de nous lier à l’harmonie de l’espace et à l’esprit. C’est par le souffle que pénètre en nous l’âme qui nous anime, le souffle vital (niya), l’esprit.

Donc au moment de naître, nous avons déjà de nombreux dons. Mais, par l’intermédiaire du souffle, le don de la vie s’exprime par un don particulier, une couleur particulière qui sera la nôtre.

Par exemple, un chaman sera connu par tel ou tel don particulier ou par telle ou telle manière d’être. L’être ordinaire ne verra que cela. En réalité, ce chaman est habité par le pouvoir de sa lignée de chaman, et ses capacités personnelles ne sont que l’expression personnelle de ce pouvoir qui l’habite.

Comme nous l’enseigne la tradition Nordique : le don, le pouvoir est une part du sacré dont nous disposons. Mais cette part du sacré est fragile. Elle peut être annihilée par notre manière d’être, notre comportement, un acte de rupture d’un tabou, par exemple.

Je voudrais préciser ici la nature profondément universelle du don en tant que part du sacré. Autrement dit, la sagesse incline à considérer le don comme une part du sacré et non comme une force à usage personnel.

Chacun d’entre-nous possède un ou des dons, mais je veux parler ici du don fondamental. Nous pouvons comprendre ce don comme l’expression d’un cheminement karmique, le don étant la possibilité d’évoluer dans cette vie. Le don est alors un outil de développement personnel et non une puissance à exercer sur l’extérieur.

En somme le don est en fait un patrimoine à gérer et à partager.

Le don est inscrit dès la naissance mais il peut rester enfoui en l’être toute une vie selon sa relation au sacré. Le don peut s’exprimer au travers d’un rêve, d’une vision, d’une manière particulière de résoudre certaines situations, d’une compréhension singulière, d’une capacité particulière à réaliser un acte spécifique ou à vivre son destin.

On peut identifier soi même son don personnel par une conviction intérieure mais parfois, il n’est compris que par le regard des autres sur nous-même.

Que la plupart des grandes traditions accordent une grande vertu au don qui est celui la non un pouvoir personnel mais réaliser un acte de donation à autrui, n’est pas une question de morale, mais une façon de comprendre le mystère de la respiration du monde et se trouve une extension moderne de la vision chamaniste, a savoir ne prendre que ce qui nous est nécessaire et toujours en laissant quelque chose en compensation et en préservant le futur. Mais, c’est aussi une protection contre la tendance vers la facilité et l’inclination vars la possession égoïste qui met en danger la vie de la personne égoïste mais aussi, le sort du monde.

« La générosité est honneur et louange, soutien et dignité des hommes et aussi aide et secours à tout être malheureux qui manque de tout le reste. Je crois que libéral fut Frodi. » Poème Norvégien de la Tradition Nordique

Dans la Tradition Nordique, Gébo est le don, la gaefa c’est la part de chance, de Destin que l’homme reçoit par les Dises (fées du destin) Peut être est ce pour cela que la fête des mères se fêtait la veille de noël (Jul) ; Dans la sacralité nordique, l’homme est façonné, formé et reçoit le souffle de vie du destin, c’est le don des Nornes.

Au nombre de trois, elles choisissent le destin de chaque être mais lui donne aussi, la gaefa, la part de sacré, d’énergie nécessaire pour affronter son existence terrestre dans ce qu’elle doit être.

Selon la vision chamaniste, le don est une manière de régénérer le monde (et j’ajoute : soi-même)

« Le pouvoir d’une chose ou d’un acte

Est dans la signification

Et la compréhension que nous en avons »

Black Elk

Chez les indiens de la côte nord-ouest d’Amérique du Nord, la structure sociale est devenue très complexe et s’est trouvée représentée par les cérémonies du « Potlach ». Ce mot d’origine nootka signifie : donner.

En fait le but de ces cérémonies etait de confirmer le statut social de chacun, mais chacun connaissant avec exactitude son rang Ces sociétés sédentaires, très riches avaient développées une hiérarchie sociale élaborée.

Mais de même qu’en polynésien ou dans le monde scandinave, celui qui avait le statut le plus élevé, le chef de tribu et de lignage avait pour fonction d’accumuler des richesses puis d’en assurer la redistribution en fonction des besoins. Le potlach servait donc à affirmer la supériorité d’un chef de lignage sur un autre ou même de la suprématie d’une tribu sur une autre. On peut voir le potlach comme une opération de prestige

Et de vanité, mais c’était aussi un échange d’insulte, l’occasion de regagner une notoriété perdue, etc. En fait cette cérémonie était une sorte de psychodrame servant à réguler les tensions dans le groupe et hors du groupe, mais nous éloigne de la notion de don dans ce qu’il a de plus sacré.

Mais, si la nature, la terre, le ciel, le grand esprit, nous ont fait cadeau d’un don qui je le rappelle n’est pas à usage personnel, qu’elle est alors son utilité ?

Le don est une capacité à vivre son destin puisque notre existence n’a d’autre fonction que celle d’évoluer vers l’union avec l’indicible et non pas à valoriser une vaine personnalité. Pour cela, il nous faut prendre conscience de notre don et de l’orienter. Il est important de donner une direction à nos possibilités et que cette direction soit fertile c’est-à-dire utile à la communauté des hommes et du monde.

Une vision chamanique: la Mue du Serpent Cosmique

Le Grand Esprit, le Grand mystère m’a donné une Vision Sacrée. De ce fait je ne peux la garder pour moi. Je dois la partager parce que rien de ce qui est sacré ne peut être la propriété de qui que ce soit, mais aussi parce que cette Vision concerne tout un chacun. Le 21 juin, c’est le solstice d’été, une des deux portes ouvrant les mondes, le point où le soleil est le plus haut dans le ciel, amenant ainsi nos âmes au plus haut.

Pour nos anciens, c’est la porte des Ancêtres. Mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit aujourd’hui. Chaque jour est un bon jour pour se relier à la vie et au sacré. Parler ce jour signifie que j’honore les anciens, que ma parole est aussi leur parole et leur autorité.

Cela signifie que les esprits sont bienveillants à mon égard et que j’appartiens,que je le veuille ou non, au Grand Cercle des Hommes-Médecines.

Tous ces mots qui précèdent sont nécessaires pour poser les choses parce que l’homme contemporain est bien souvent désorienté face à des réalités qu’il ne sait plus voir.

J’étais dans mon tipi, paisible et en communion avec le Feu. Comme il m’arrive souvent, la vision de ce monde se déchire pour s’ouvrir sur un autre monde.

« Cette fois-ci, l’autre monde apparaît et me donne à voir un énorme serpent, le Serpent Cosmique. Je le vois dans toute sa dimension, mais surtout je le vois en train de muer. Je vois sa vieille peau de laquelle se décrochent des êtres de couleur sombre, comme des graines desséchées.

Le serpent se sépare de sa vieille peau qui emmène avec elle ces êtres sombres.

Une vieille peau sèche, rude, voire repoussante. Cela laisse apparaître la nouvelle peau, resplendissante, d’apparence douce, lumineuse, agréable comme une peau de bébé, dans laquelle sont insérés des êtres lumineux et paisibles.

Dans le même temps, chose rare en mon esprit, j’entends une voix forte, claire et ferme, m’ordonner : « Cette Vision est pour le plus grand nombre et tu dois la transmettre au plus grand nombre ! » Pendant cette Vision, j’en ai perçu le caractère fort, fondamental et urgent. En même temps, je me dis que je ne suis qu’un être humain, parmi tant d’autres dans le Cercle de la Vie.

Alors, je vais partager, avec mes moyens qui sont dérisoires, mais surtout avec mon coeur. Je sens que les coeurs vivants, eux aussi ont reçu ce message, alors cela me soulage.

Cette Vision nous dit qu’une Grande Mutation Universelle est en cours, qu’il est pratiquement trop tard pour choisir entre être dans la nouvelle peau ou dans l’ancienne.

Ceux qui se croient élus et sauvés dans la grande mutation ne le seront pas. Car bien des choses étranges, inconnues, inaccessibles à la compréhension du plus grand nombre vont survenir. Nous verrons des choses que même les plus grands esprits n’ont pu concevoir. L’entendement humain sera totalement désorienté. La Terre et le Ciel vont exprimer leur colère, mais surtout agir pour protéger la vie. Les êtres sombres, ceux qui ont choisi d’avoir au lieu d’être, disparaîtront selon un nombre cosmique.

L’être humain sera aspiré par sa folie et sera son propre ennemi. Les horreurs de l’humanité cesseront par une grande horreur.

Alors apparaîtra ce qui paraît impossible :

  • Un monde d’Amour
  • Un monde beau, lumineux, un monde de coeurs purs

C’est pourquoi, je dis à ceux qui aujourd’hui ont dans le coeur la bonté et la générosité, et dont la vie de chaque jour n’est que violence de la part de leur propre espèce :

« Gardez confiance en votre esprit, gardez votre chemin droit, le grand chambardement est là. La Médecine du Cercle est en train de renaître dans toute sa force et sa beauté. Depuis quelques années les Forces de Lumière sont à l’oeuvre dans notre monde destructeur : elles sont comme les termites dans une poutre ; elles oeuvrent, mais on ne les voit pas jusqu’au jour où la poutre s’écroule, réduite en poussière. Notre monde est un monde mortifié qui porte en lui-même sa propre destruction. Il n’est pas besoin de lutter contre lui, mais au contraire de mettre nos forces dans la création et la protection de la vie. »

Mais, cette Vision dit aussi qu’en même temps que le Serpent Cosmique, chacun d’entre nous doit quitter sa vieille peau et laisser apparaître sa nouvelle peau.

Car l’univers est UN. Il est temps d’oser être. Je dis à tous ceux et à toutes celles qui désespèrent : « Gardez la confiance envers le Grand Mystère. »

Et je reprendrai une formule emphatique Lakota qui commence à connaître avec justesse une grande diffusion : « Mitakuyeoyasin » (à tous mes proches !)

dont le sens est : tout ce qui est dans la création est relié.

Joan Pinchu

Chaman

21 juin 2009

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